Bio, transformation et circuits courts Moins de lait, mais mieux valorisé
Après une période difficile, le Gaec de Barsa a réussi à redresser la barre. La moitié du lait, désormais produit en bio, est transformée à la ferme et vendue en circuits courts.
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En 2016, les associés du Gaec de Barsa, à Cazalrenoux (Aude), ont dû prendre des décisions radicales pour sauver leur ferme. « Grâce à nos vaches très productives, nous avions réussi à faire face à la première crise du lait en 2008-2009. Néanmoins en 2015-2016, avec un prix de vente descendu à 250 €/1 000 l, nous avons touché les limites de l’intensification », racontent Michel et Frédérique Bromet.
Entre ces deux crises, leurs fils Mathieu et Thomas les ont rejoints dans le Gaec. Sur 124 ha, les quatre associés élèvent alors 90 prim’holsteins et produisent du lait, des veaux sous la mère, du blé dur, du tournesol et du maïs semence. Mais cette culture ne tient pas ses promesses et s’arrête rapidement faute de contrats.
« Pour le troupeau, nous achetions tout le concentré. Avec un prix du lait qui ne couvrait plus les coûts, les dettes s’accumulaient auprès de notre coopérative d’approvisionnement. Cela ne pouvait plus durer », souligne Michel.
Avec le centre de gestion, ils remettent tout à plat et étudient plusieurs scénarios. « Le seul qui fonctionnait associait bio, transformation à la ferme et vente en circuits courts. Des voisins s’étaient déjà lancés avec de bons résultats. Nous avons décidé de franchir le pas à notre tour. C’était risqué, mais nous n’avions pas le choix », explique l’éleveur.
À la ferme, Mathieu et les autres associés produisent du beurre, de la crème et des desserts lactés. © Frédérique Ehrhard
Un challenge à relever
Le défi n’est pas mince, car il faut tout à la fois dégager quatre revenus et éponger les dettes. « Nous avons réussi à négocier leur étalement et à convaincre une banque de nous prêter 70 000 € pour aménager un atelier de transformation », note l’exploitant. Dans le même temps, les associés réduisent le troupeau de 90 à 45 laitières et entament une conversion en bio. La production annuelle par vache est divisée par deux, passant de 10 000 à 5 000 l. « Cependant, nous n’achetons plus aucun aliment, c’est fini ! », indique-t-il.
Mathieu et Thomas se forment à la transformation. Fin 2016, ils démarrent leurs premières fabrications de beurre et de crème. « Nous avons choisi des produits complémentaires de ceux de nos voisins de la ferme de Briola, qui ont une gamme de yaourts et de fromages. Nous évitons ainsi de nous concurrencer. Pour nous lancer, nous avons pu nous appuyer sur leur réseau de vente. Et nous continuons à mutualiser nos livraisons », apprécie Michel.
Aujourd’hui, la moitié du lait est transformée à la ferme et l’autre collectée par Biolait. Le lait écrémé, utilisé pour nourrir les veaux, est également bien revalorisé. Après la période de conversion où le Gaec ne bénéficiait pas encore des prix du bio, les résultats économiques s’améliorent, enfin, depuis deux ans.
À la ferme, Mathieu et les autres associés introduisent des jersiaises dans le renouvellement afin d’avoir davantage de matière grasse à transformer. © Frédérique Ehrhard
Pour faire face à la charge de travail croissante tout en préparant la relève de Michel, qui devrait partir prochainement à la retraite, un ami de Mathieu, Jonathan Lecroart, rejoint l’aventure en 2021. « J’ai grandi en milieu rural puis j’ai travaillé comme infographiste à Paris. Mais avec une compagne et un enfant, les conditions d’exercice de mon métier et la vie en ville ne me convenaient plus », révèle-t-il.
Cinquième associé
Connaissant déjà bien la famille, il trouve vite sa place à la ferme et participe à tous les travaux. Pour dégager un cinquième revenu, l’effectif va monter à 50 laitières avec une introduction accrue de la jersiaise, qui produit un lait gras bien adapté à la production de crème et de beurre. Les prix de vente ont également un peu augmenté en 2021. La gamme s’est élargie et comprend désormais du riz au lait, de la pannacotta et des crèmes desserts avec différents parfums. « Ces produits nouveaux, sans demander d’investissement en plus, améliorent la marge », précise Jonathan. « Les clients apprécient ces desserts et y reviennent », ajoute Frédérique.
Le remboursement des emprunts pour le robot de traite et l’atelier de transformation s’achèvera en 2027, et les dettes avec la coopérative seront soldées en 2030. « L’horizon s’éclaircit ! C’est encore dur, mais nous ne nous en sortons pas trop mal », relève l’éleveuse, qui apprécie de voir les trois jeunes prendre le relais. Ensemble, ils se sont fixé un nouveau cap, augmenter la part du lait transformée et dégager du temps pour se diversifier dans l’agritourisme.
F. Ehrhard
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